Si seulement j’avais su…

21 juin 2016

Camp de sélection - Si j'avais su - Psychologie du sport - Confiance - Jonathan Lelievre

La deuxième journée du camp de sélection vient de se terminer...

J’ai 13 ans, je suis assis dans le vestiaire, j’enlève tranquillement mon équipement. Clairement je serai dans les derniers à quitter la chambre. Rien de nouveau, je n’ai jamais été le plus rapide à retirer toute cette armure dont j’ai de besoin pour arrêter les rondelles de caoutchouc. Je suis en sueur, l’entraînement a été difficile. La deuxième journée du camp de sélection vient de se terminer. Je suis dans mes pensées, je réfléchis à ce que j’ai fait sur la glace.

Du mieux possible, je tente d’analyser ma performance, de voir si j’ai marqué des points auprès des entraîneurs. Après tout, si je suis ici c’est pour les impressionner suffisamment et me tailler un poste avec l’équipe. Soudainement, mon coéquipier qui est tout juste à côté de moi et qui en train de ranger son équipement, me lance sans avertissement :

« Moi j’ai terminé, je ne reviens plus ici.

– Quoi? De quoi tu parles?

– Je ne reviens pas pour le camp demain. Je n’ai pas d’affaires ici, m’annonça-t-il. »

Et il était sérieux. Il ne s’est pas présenté le lendemain. Il venait de mettre un terme à son camp de sélection. Les premières coupures n’avaient même pas encore été annoncées mais il ne souhaitait pas attendre la décision des entraîneurs. Comme il me l’a répété à plusieurs reprises :

« Je n’ai aucune chance d’être sélectionné de toute manière. »

J’ai longtemps cherché à comprendre ce qui s’était passé lors de cette journée. Il était pourtant un joueur talentueux et très combatif sur la glace. Sans être le plus grand sur le plan physique, il savait prendre sa place et faire une différence à l’intérieur d’une partie. Lors de nos discussions suivant ce moment dans le vestiaire, il m’a dit :

« Les autres joueurs sont bien plus rapides et grands que moi. J’ai fait plein d’erreurs durant les deux journées de camp. C’est clair que j’ai mal paru. Les entraîneurs m’ont sûrement déjà rayé de leur liste de candidats. En plus, c’est ma première année à ce niveau, mes chances d’être sélectionné sont pratiquement nulles. »

J’ai tenté de le convaincre de revenir au camp mais il n’a pas changé d’idée. Son opinion était faite. Ses croyances étaient tellement fortes, sa confiance tellement fragile qu’il était impensable pour lui de voir la situation autrement. À cette époque, je ne savais pas quoi lui dire.J’aimerais pouvoir revenir en arrière et le convaincre qu’il doit tout de même poursuivre le camp de sélection, que tout peut arriver et qu’il n’a pas raison de douter de lui.

Je lui confirmerais qu’il n’a pas aussi mal paru sur la glace que ce qu’il peut le croire. Je lui expliquerais qu’il n’est pas un bon juge pour lui-même et qu’on a toujours tendance à être plutôt sévère avec soi-même…généralement trop! Je lui dirais que sa perception est faussée par le fait qu’il ne se fait pas assez confiance. Je lui suggèrerais de demeurer positif, combatif et concentré sur son travail. J’ajouterais qu’il doit arrêter de se comparer aux autres et doit se focaliser uniquement sur lui, bref faire de son mieux et d’oublier tout le reste.

J’aurais aimé lui dire qu’il n’avait pas à se couper lui-même du camp, qu’il devait laisser les entraîneurs s’occuper des annonces finales et que dans le pire des cas, il n’y avait pas de honte à être retranché d’une équipe. Il est toujours possible d’apprendre de cette expérience et de s’en servir pour devenir un meilleur joueur.

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Vivre avec des regrets

Mon coéquipier a tout de même joué au hockey lors de cette saison, mais pour une autre équipe d’un moindre calibre. Comme si la vie tentait de lui envoyer un message, il a croisé l’un des entraîneurs de l’équipe compétitive durant une fin de semaine de tournoi :

« Hey salut! Comment ça va? Dit donc, qu’est-ce qui s’est passé au camp de sélection à l’automne? Pourquoi tu n’es pas revenu après la deuxième journée?, lui demanda l’entraîneur.

– Ah! Bien…je ne me sentais pas bien et je trouvais le jeu rapide. J’ai décidé de jouer à un niveau inférieur pour cette année, a-t-il réussit à répondre malgré la surprise et la gêne qui s’était emparée de lui.

– C’est dommage parce qu’on aimait bien ce qu’on voyait de toi sur la glace. On aurait aimé te voir durant tout le camp… »

Nul besoin de vous dire que cette conversation a été difficile à accepter pour lui. Il n’en croyait pas ses oreilles. Il venait de réaliser qu’après tout, il avait peut-être plus de chances de faire l’équipe que ce qu’il croyait. À son grand désarroi, il était beaucoup trop tard pour changer quoi que ce soit. Il a regretté longtemps cette mauvaise décision. Comme il aime le dire :

« Si seulement j’avais su, je serais demeuré sur la glace. »

En effet, s’il avait su que sa tête lui jouait des tours et était son pire ennemi, il aurait possiblement pris une décision différente. S’il avait été conscient que les limites qu’il s’imposait ne dépendaient que de lui, il n’aurait pas quitté le camp. Il aurait foncé et aurait été jusqu’au bout. Terminer le camp de sélection avec le sentiment d’avoir tout donné aurait été sa plus grande source de motivation.

Continuer d’avancer

Aujourd’hui, je vous confirme que ce coéquipier n’est pas devenu joueur de hockey professionnel comme il l’aurait tant souhaité. Cependant, il a beaucoup appris sur lui-même et continue à le faire quotidiennement. Il est curieux et passionné. Bien qu’il ait encore à ce jour à se battre avec ses propres pensées limitatives, cela ne l’empêche pas de consacrer toutes ses énergies à prodiguer les meilleurs conseils aux jeunes athlètes qui souhaitent réaliser leurs rêves sportifs.

Sa mission est d’aider le plus grand nombre d’athlètes à mieux comprendre ce qui se passe «en haut» afin qu’ils puissent repousser leurs propres limites en toute confiance. Aux dernières nouvelles, il écrivait des articles sur un blog…


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Catégories : Camp de sélection, Confiance, Gestion des émotions, Parents, Préparation mentale, Stress

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