Pourquoi les athlètes auraient avantage à être plus «égoïste» le jour de la compétition?

26 janv. 2016

(Capsule vidéo aussi disponible, voir plus bas)

Et si vous étiez trop généreux lors de vos compétitions?

Dernièrement, plusieurs de mes clients se retrouvent dans une phase de compétition. Ils ont travaillé fort pendant plusieurs mois avant de finalement arriver à ce moment tant attendu de la saison. Ces athlètes souhaitent tous «livrer la marchandise». C’est clairement une phase excitante dans la saison. Après tous les efforts et sacrifices réalisés à l’entraînement, c’est maintenant le moment de montrer à tout le monde ce qu’ils peuvent faire.

Dans mon langage à moi, je dis que c’est l’heure du «party». On se fait confiance et on va s’amuser en compétition. [S’amuser…on s’entend ici que ça veut principalement dire que je vais faire mon travail, je vais performer comme j’en suis capable et idéalement je le fais avec un certain niveau de plaisir.] Selon moi, la meilleure façon d’avoir du plaisir dans une compétition sera toujours de performer comme on est vraiment capable. L’idéal, c’est de sortir de la compétition avec le sentiment d’avoir tout donné ce qu’on avait lors de cette journée.

Dans les dernières années, j’ai noté à quelques reprises une tendance un peu inquiétante chez certains athlètes. C’est un défi qui peut sembler banal mais qui ne l’est pas du tout quand on y pense bien. Ça se déroule principalement le jour de la compétition et plus précisément dans la phase de préparation. Quel est ce défi que les athlètes doivent surmonter?

Psychologie du sport - Égoïste - Jour de compétition - Jonathan Lelievre

La réponse est la suivante : les athlètes sont trop généreux et pas assez égoïstes le jour de la compétition. Je vous explique…

Comme je l’ai mentionné plus tôt, le jour de la compétition est le moment fort de la saison des athlètes. Ils souhaitent en profiter et surtout performer à leur plein potentiel. Or, pour réaliser cet objectif, ils doivent se présenter sur le terrain (ou sur la glace, ou sur le tatami, etc.) avec un excellent niveau de concentration et de confiance en eux. La meilleure façon d’y parvenir, c’est en faisant une excellente préparation d’avant-compétition. C’est justement là le problème : plusieurs athlètes ne pensent pas assez à eux et ne font donc pas une préparation adéquate.

Qu’est-ce qui peut déranger l’athlète dans sa préparation? Plusieurs choses (bien entendu!) mais voici quelques exemples pour aller en lien avec la thématique de cet article :

Les amis

«J’ai des amis qui seront présents pour venir m’encourager. J’ai hâte de les voir. J’ai hâte de leur montrer à quel point je suis bon.»

Les coéquipiers

«On va tellement avoir de plaisir avec toute l’équipe. On va s’amuser tout au long de la compétition. C’est plaisant d’être toute l’équipe ensemble.»

Les autres compétiteurs

«Parmi mes adversaires, certains sont devenus mes amis. Je ne les vois que quelques fois par année alors j’ai hâte de les rencontrer à la compétition. J’ai hâte de leur parler.»

La famille présente sur place

«Mes grands-parents seront présents pour la première fois à ma compétition. J’ai hâte de leur montrer ce que je peux faire. Je veux les impressionner»

C’est là qu’entre en ligne de compte le concept d’«Égoïste vs. Généreux». Les athlètes trop «généreux» lors de leur compétition vont vouloir plaire à tout le monde. Ces athlètes vont passer beaucoup (trop) de temps à discuter avec leurs amis ou les coéquipiers. Ils vont passer plus de temps avec les autres et leur accorder beaucoup d’attention plutôt que de demeurer concentré sur leur propre préparation. C’est pour cette raison que leur préparation mentale risque d’en être affectée.

Prenons un exemple fictif pour mieux comprendre. «Patrick» est un athlète de judo qui participe à un championnat canadien. Il en est à sa 3e présence à une telle compétition mais jamais il n’a réussi à livrer complètement la marchandise. En d’autres mots, il n’a jamais été capable de performer à son plein potentiel. Patrick est un gars drôle et s’entend bien avec tout le monde. Il se fait des amis rapidement et aime l’aspect social des compétitions. Cette année c’est spécial pour lui, puisqu’il vise une qualification pour les championnats du monde. Il sait maintenant ce qu’il doit faire pour se donner plus de chances de succès, voici sa stratégie :

«Je veux revenir à la maison avec le sentiment du devoir accompli. Comme je l’ai établi avec mon préparateur mental dans les derniers mois, je vais être un peu plus «égoïste» cette année. Je vais penser à moi en premier et me concentrer davantage sur ma préparation. Plus particulièrement, les minutes avant d’embarquer sur le tapis pour compétitionner, je vais respecter ma routine. Je vais faire ce qui fonctionne bien pour moi afin de m’assurer que j’arrive avec le bon état d’esprit. Si les autres (coéquipiers, amis, etc.) veulent me parler ou discuter, je vais simplement leur expliquer que ce n’est pas le bon moment et qu’on pourra se reprendre après la compétition ou entre mes combats. Je ne laisse rien me déranger et je fais ce qui fonctionne pour moi. C’est ma journée, j’ai travaillé fort pour être ici et je veux me donner toutes les chances d’obtenir du succès. Je veux bien faire mon travail.»

Comme on peut le voir ici, Patrick a choisi d’être plus «égoïste» lors de sa prochaine compétition. Il ne faut pas voir le mot égoïste de manière négative. Patrick sait ce dont il a de besoin pour bien performer et souhaite simplement réaliser cela. Il veut se focuser davantage sur lui. ET C’EST PARFAIT. Après tout, si Patrick se retrouve au championnat canadien qui se déroule (disons) à Toronto, c’est toujours bien parce que c’est son sport qui l’a amené là. Sa compétition de judo est la raison principale de sa présence (et non le côté social entourant l’événement).

Pour éviter de me faire jeter des pierres, je tiens à souligner quelque chose. Je ne suis pas en train de dire que l’athlète ne doit pas avoir de plaisir ou d’échanges avec ses amis. L’aspect social est une composante importante et essentielle du sport. Cependant, ce que je tente d’expliquer c’est qu’il y a un moment pour le social et un autre pour performer. Dans notre exemple fictif, si Patrick continue d’être trop «généreux» avec tout le monde lors de sa compétition, sa concentration ne sera jamais à son meilleur. Conséquence : il risque encore une fois de passer à côté de sa qualification pour les mondiaux.

Des interférences (distractions), il y en a une tonne lors des compétitions. Votre objectif en tant qu’athlète est de ne pas vous laisser déranger par tout ça. Vous devez faire tout en votre possible pour demeurer avec VOTRE plan. Vous placez votre énergie au bon endroit, c’est-à-dire sur vous et sur votre préparation. Vous faites ce qui vous fait sentir bien et ce qui vous place dans le meilleur état d’esprit pour compétitionner (concentré, confiance, intense, etc.). Développez-vous une routine efficace avec ça et respectez-la.

Mais, que vont dire les autres si je les ignore?

Honnêtement, à ce point-ci ce n’est pas important ce que les autres pensent ou disent. Si nécessaire, vous pouvez simplement leur expliquer au préalable comment vous fonctionnez durant la compétition. Exemple : «15 minutes avant ma compétition, ce n’est pas le temps de venir me parler, je dois être seul avec ma musique, j’ai besoin de ce temps pour entrer dans ma bulle, pour penser à mes choses…». Les gens avertis respecteront ça sans trop de difficulté.

Et si c’est ma blonde qui veut me parler?

Même chose! Pas d’exception. Il est essentiel de bien gérer votre journée et votre temps. C’est votre compétition. C’est votre moment.

En conclusion

L’important à retenir ici c’est qu’il n’est pas déconseillé d’avoir une portion sociale lors de vos journées de compétition. Bien évidemment, ça fait partie de l’expérience et les athlètes doivent aussi profiter de tout ce qui entoure une compétition. CEPENDANT, je le répète : il y a un moment pour chaque chose. L’aspect social, vous devez le faire dans les blocs de temps libres (exemples : avant votre compétition, entre vos deux parties, en fin de journée si vous compétitionnez seulement le lendemain, etc.).

Si vous êtes un athlète le moindrement sérieux qui souhaite performer à votre plein potentiel, je vous suggère donc d’être un peu plus «égoïste» le jour de votre compétition. Dans la limite de ce qui est possible et permis, faites tout ce que vous pouvez pour être dans le meilleur état d’esprit lorsque vous débutez votre compétition. «Routine», «gestion des distractions», «gestion de la portion sociale» et «moment pour vous-même» devraient tous faire partie de votre recette gagnante.

Bon succès!

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Catégories : Concentration, Leadership, Parents, Préparation mentale, Routine

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