La fin d'un rêve - Érik Guay doit faire une croix sur les Jeux olympiques de Pyeongchang

8 févr. 2018

Psychologie du sport - Érik Guay - Olympiques Pyeongchang 2018

Pas facile de renoncer aux Jeux olympiques

Ce que les athlètes veulent le plus au monde, c’est de pratiquer leur sport, d’être en action et d’avoir l’opportunité de le faire sur les plus grands plateaux de compétition, par exemple les Jeux olympiques.

Justement, les Jeux olympiques de Pyeongchang sont arrivés, mais Érik Guay a dû se résigner à passer son tour pour ce grand rendez-vous. Guay, âgé de 36 ans, qui a eu le privilège de représenter le Canada aux Jeux olympiques d’hiver de 2006, 2010 (à Vancouver) et 2014, a fort probablement beaucoup de difficulté à digérer la décision qu’il s’est vu forcé de prendre.

Après tout, ce n’est pas lui qui a choisi de se retirer. Comme il le dit : «C’est le corps qui décide en ce moment». Il a bien tout tenté, mais les douleurs au niveau de son dos sont trop importantes pour envisager une participation à ce qui aurait été, ses 4e Jeux olympiques. Son rêve de récolter une médaille olympique vient de s’envoler en fumée.

Les conséquences sur le plan psychologique

Comment est-ce qu’un athlète réagit dans un tel scénario? Comment faire pour surmonter une déception aussi grande? Je me suis donné le défi de répondre à ces questions en utilisant mon expérience en tant que préparateur mental. Non, je ne connais pas personnellement Érik Guay et je ne lui ai pas parlé directement. Je tente simplement d’appliquer mes connaissances en psychologie du sport à la situation actuelle pour que vous puissiez en retirer des stratégies pour surmonter vos propres obstacles dans votre parcours sportif. Parce que comme j’aime dire, des citrons, il va y en avoir et il est toujours préférable d'en faire de la limonade!

Il faut être patient et laisser la poussière retomber

Il est certain que le genre de décision qu’Érik a pris n’a rien de réjouissant. Il a travaillé fort dans les dernières années pour arriver prêt au bon moment, c’est-à-dire juste à temps pour l’aventure olympique. Mettre une croix sur la récompense tant attendue suite à des milliers d’heures investies et des sacrifices importants ne peut qu’être décevant. Il le dit lui-même, il a le «cœur brisé».

Son rêve de décrocher une médaille olympique vient de se terminer de manière abrupte et injuste. Rien ne peut totalement le consoler en ce moment. Il lui faudra être patient et se donner le temps nécessaire pour digérer le tout. Il a manifestement un deuil à faire.

Ça me rappelle justement les différentes étapes par lesquelles une personne passe généralement lorsqu’elle perd un être cher. Après tout, vivre un deuil, que ce soit la perte de quelqu’un d’important, d’un emploi ou d’un rêve olympique, requiert le passage parmi certaines phases afin d’en ressortir plus fort. Pour votre bénéfice, je vous partage ces quelques étapes :

  1. Choc
  2. Déni
  3. Colère
  4. Tristesse
  5. Résignation
  6. Acceptation
  7. Reconstruction

En ce moment, je dirais qu’Érik est quelque part entre la phase de résignation et d’acceptation. Le choc, il l’a eu quelques semaines passées lorsqu’il s’est blessé. C’était inattendu, soudain.

S’en est sûrement suivi le déni. Il ne veut pas accepter qu’il vienne de se blesser, il n’arrive pas à y croire. En fait, je dirais plutôt qu’il ne VEUT PAS y croire. La pire sensation pour un athlète c’est d’être blessé ou diminué. Ils ne veulent pas ça. Évidemment, la réalité le rattrape rapidement et réalise qu’il n’est pas en pleine forme. Pire, il remonte sur ses skis pour constater qu’il n’est pas du tout à l’aise, pour confirmer ce qu’il craignait. Il est blessé de manière significative.

Quelle est la réaction tout à fait naturelle et humaine face à une telle situation? La colère bien sûr. Je ne dis pas que c’est la meilleure et la seule réponse possible, mais nous sommes humains après tout. Il est difficile de blâmer Érik d’être fâché dans une telle circonstance.

Toujours selon les différentes étapes du deuil, s’en suit probablement une période de tristesse. Lorsqu’Érik comprend que son rêve de gagner une médaille olympique est compromis, il ne peut qu’être déçu et triste. Il sait le parcours qu’il a fait pour se rendre jusque là. Surtout, il sait qu’il n’aura pas la récompense tant désirée. «Tout ça pour rien» pense-t-il peut-être.

Et vient ensuite la phase de résignation. À un certain moment, il faut se rendre à l’évidence que le sort est jeté et qu’il faudra tôt ou tard passer à autre chose. Il faut se résigner au fait que le rêve ne se réalisera pas. C’est difficile, mais il faut faire face à la réalité avant de pouvoir poursuivre son processus de «guérison mentale». C’est ce qu’Érik a fait en annonçant officiellement son retrait des Jeux olympiques aux médias.

Cette étape complétée, il devrait continuer à prendre du temps pour lui-même afin de laisser la poussière retomber et éventuellement passer à l’étape d’acceptation. C’est quelque chose de se résigner face à une situation, c’en est toute une autre de vraiment l’accepter. Il lui faudra du temps et un bon support de ses proches.

Finalement, lorsque le temps aura fait son œuvre, il sera capable de passer en mode reconstruction. Dans le cas d’Érik, ce sera d’évaluer sa motivation à poursuivre sur le circuit de compétition, de se fixer de nouveaux objectifs de carrière et de reprendre l’entraînement en conséquence. Il devra aussi trouver un sens à cette cruelle mésaventure afin d’être capable de vraiment lâcher prise et de passer à autre chose. Avec du recul et peu d’introspection, on peut toujours sortir grandi de chaque épreuve difficile.   

Ouf! Toute une épreuve à surmonter, n’est-ce pas?    

Comment rebondir suite à une déception?

Que vous soyez athlète ou non, il y a que deux choses que vous contrôler pleinement dans la vie : votre attitude et vos actions. Lorsque vous faites face à une déception importante, bien que les émotions peuvent être présentes, vous avez tout de même le choix des actions que vous allez poser et de l’attitude avec laquelle vous allez le faire.   

Se décourager, abandonner, être négatif et en vouloir à la terre entière ne réglera pas les choses. Pire, ce peut qu’empirer la situation. Répétez-vous que votre force de caractère est mise à l’épreuve, que la vie veut voir de quoi vous êtes fait. Voyez cet obstacle comme une épreuve à surmonter, une épreuve qui vous fera apprendre et grandir. La facilité, c’est d’éviter le problème. L’approche courageuse, c’est d’y faire face et remonter la pente.

Une fois l’attitude appropriée en place, il faudra passer à l’action. Il faut agir en conséquence. Il sera important de mettre votre énergie sur les éléments que vous contrôlez. Que pouvez-vous faire maintenant pour continuer d’avancer, pour devenir une meilleure version de vous-même? N’oubliez pas, il y a deux choses que vous contrôlez complètement : votre attitude et vos actions.

Se bâtir une nouvelle vision

Ce qui peut vraiment vous aider aussi, c’est de vous établir de nouveaux objectifs. Reprenons l’exemple d’Érik Guay où il a dû déclarer forfait pour les Jeux olympiques de Pyeongchang. C’est évidemment une grosse déception et il doit prendre le temps de digérer le tout (avec la meilleure attitude possible bien entendu). Si l’on tient pour acquis qu’il souhaite revenir à la compétition plutôt que de mettre un terme à sa carrière, il aurait avantage à planifier plus tôt que plus tard les prochaines étapes.

Les athlètes carburent aux défis. Un athlète qui ne sait pas pourquoi il pratique son sport ou qui n’a pas de vision est clairement dans une position précaire. C’est extrêmement important pour Érik de visualiser et de mettre sur papier quels sont ses prochains objectifs qu’il souhaite atteindre et les prochaines étapes à prendre pour y parvenir. Il faut trouver un sens, une signification aux efforts qui seront déployés pour «repartir la machine».

Il peut donc se fixer des objectifs de résultat, de performance et de processus. (Voir cet article pour plus de détails : Le bon objectif au bon moment) De savoir qu’il y a autre chose après la déception vécue et de déjà entamer les actions nécessaires peuvent faire un très grand bien. L’athlète va sentir qu’il est de nouveau en contrôle de la situation et posera son focus sur les bonnes choses. S’établir un nouveau plan de match pour l’avenir est à mon avis un bon moyen d’apaiser les douleurs du passer. Après tout, il faut s’accrocher à quelque chose et quoi de mieux que de s’investir de nouveau à fond dans notre sport.

Une fois le «boulot» repris, la passion et la motivation reprennent peu à peu. Érik Guay va retourner sur les pentes de ski, s’engager sérieusement dans son entraînement comme il sait si bien le faire, retrouver de bonnes sensations et peut-être même récolter des résultats intéressants. Avec ces nouvelles récoltes et une motivation renouvelée, le rêve terminé, qui sait, se transformera peut-être en un rêve repoussé…

 

Coaching Skype - Jonathan Lelièvre

Crédit photo haut de l'article : Pietro De Grandi, Unsplash

Catégories : Fixation d’objectif, Motivation, Persévérance

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