Comment éviter une remontée possible de votre adversaire?

16 févr. 2016

Psychologie du sport - Confiance vs perdre - Jonathan Lelievre

À chaque semaine dans les différents bulletins de sport, nous sommes témoins de cette situation. On le voit au hockey, au tennis, au soccer, à la boxe, au football, au golf et au basketball. Bref, aucun sport n’est épargné. Il est très rare que l’on fasse appel à un psychologue sportif pour venir nous expliquer ce phénomène mais entre vous et moi, c’est clairement entre les deux oreilles que ça se passe.

(Capsule vidéo aussi disponible, voir plus bas)

Vous savez, ce moment où un athlète (ou une équipe sportive) semble être en parfait contrôle de la partie et que soudainement tout s’écroule. Le vent change littéralement de bord. Plus rien ne va d’un côté tandis que de l’autre, tout semble fonctionner à nouveau.

Pour une raison que l’on s’explique parfois très mal, l’athlète ou l’équipe qui est en avance dans sa partie connaît une baisse de régime. L’adversaire, ayant parfois même déjà un genou à terre, recommence peu à peu à s’approcher jusqu’à finalement reprendre les devants. Dans ce genre de situation, il n’est pas rare d’entendre les mots : momentum, remontée spectaculaire, le vent a tourné, effondrement, perte de focus, «choking», etc. Ce genre d’évènement se produit parce que l’athlète ou l’équipe en question décroche mentalement.

Le présent article traite justement de ce genre de situation qui peut arriver à l’intérieur d’une partie. Je vous présente quelques idées sur les façons d’éviter que ce genre de remontée ne survienne. Autrement dit, je vous partage certains trucs pour bien demeurer dans la partie et ne pas laisser de chance à votre adversaire.

Comment éviter une remontée possible de votre adversaire?

La première chose qu’il faut garder en tête, c’est qu’à l’intérieur d’une partie, il n’est pas anormal d’avoir des petits moments d’égarement. Que votre performance soit d’une durée de 3h00 ou de moins de 10 minutes, c’est tout à fait réaliste de croire qu’une baisse de régime peut survenir. En observant les meilleurs athlètes au monde, comme Novak Djokovic au tennis ou Jordan Spieth au golf, on peut bien voir qu’il est extrêmement difficile d’être constant tout au long de la partie. Même eux se font parfois jouer des tours. Après tout, nous sommes des humains…et non des machines!

Selon ma vision des choses, l’objectif premier est d’être simplement attentif à ces moments plus creux et de tenter de les faire durer le moins longtemps possible. Le premier aspect qui me vient en tête est donc le niveau de concentration.

Idée #1 : Soyez attentif à votre niveau de concentration

À l’image de votre voiture qui ne peut rouler indéfiniment sans faire un arrêt à la station-service, votre concentration ne peut être à 100% tout du long de votre partie. J’en profite donc pour détruire un mythe à propos de la concentration. Le mythe est le suivant : «Pour bien performer, l’athlète doit être sans cesse concentré à 100%». En plus d’être faux, ce n’est pas réaliste. La concentration, tout comme le niveau d’énergie de votre corps ou l’essence dans le réservoir de votre voiture, est une ressource limitée.

Afin que votre concentration soit à son meilleur, il faut la «renouveler». Ça veut simplement dire qu’il faut lui donner une pause afin de «récupérer». Il y a plusieurs sports où cela s’applique parfaitement. Au tennis par exemple, oui vous devez être 100% concentré lorsque vous êtes en plein cœur d’un échange avec votre adversaire. Cependant, entre les points ou lors des changements de côté, c’est OK de diminuer votre niveau d’attention, de la ramener à 60-70%. Cependant, dès que vous vous installez pour le prochain point à jouer, vous devenir revenir à 100%. C’est la même chose pour un joueur de hockey. Lors de ses présences sur la glace, il est essentiel d’être 100% présent et focus. Par contre, à son retour au banc, il peut se permettre de «prendre une pause» au niveau de son attention. Le joueur de hockey peut se permettre d’être attentif à 50-60% lorsqu’il est au banc. Encore une fois, dès qu’il s’apprête à remettre les pieds sur la glace, c’est le temps de revenir à 100%, d’être réellement prêt.

Pour conclure avec la concentration, je vous suggère donc d’être attentif à votre «réserve» et d’opter pour des «pauses» à l’intérieur de votre performance. Trouvez les moments où vous pouvez relâcher quelque peu afin de revenir en force par la suite, à 100% lorsque c’est pleinement nécessaire.

Idée #2 : Trichez votre cerveau

Un des trucs possiblement les plus connus mais qui peut tout de même avoir un impact certain, c’est de tricher votre cerveau en pensant que c’est toujours une partie serrée. L’autosuggestion est votre ami. C’est un bon moyen de ne jamais prendre pour acquis la victoire ou de penser que la partie est terminée (même si vous avez une avance confortable).

Petit exercice de prise de conscience pour vous : placez-vous dans la peau de votre adversaire pour un instant. Les rôles sont inversés, c’est maintenant vous qui tirez de l’arrière. Croyez-vous en vos chances d’effectuer une remontée? Si vous croyez que vous seriez en mesure de réussir la remontée dans ce genre de situation, c’est signe que vous devez demeurer bien alerte dans votre partie en cours. Parce que si vous croyez être en mesure de le faire, c’est fort possible que votre adversaire lui aussi croie la même chose. Demeurez donc vigilant et concentré!

Voici quelques exemples d’autosuggestions que vous pouvez utiliser pour tricher votre cerveau :

  • «C’est encore 0 à 0»
  • «C’est un nouveau match, rien n’est joué»
  • «Rien n’est encore gagné»
  • «C’est loin d’être terminé»
  • «Tant que le dernier point n’est pas conclu, je reste présent»
  • «L’adversaire peut encore revenir, je dois poursuivre mes efforts»
  • «Le pointage n’a pas d’importance, je me concentre à bien performer»
  • «Je conserve mon intensité sur chaque point»
  • «Tous les points sont importants»
  • «Garde la tête sur le ici et maintenant (moment présent)»
  • «Pour gagner, il faut jouer jusqu’au dernier point (ou jusqu’à la dernière seconde de jeu)»

Idée #3 : Ne changez pas votre façon de jouer (continuez plutôt ce que vous faisiez de bien!)

Une des erreurs les plus fréquentes que l’on voit chez les athlètes qui sont victimes d’une remontée de la part de leur adversaire, c’est qu’ils modifient leur façon de jouer. Par exemple, vous étiez intense et agressif la majorité de la partie et soudainement, vous tombez quelque peu sur la défensive. C’est mortel. Vous ouvrez toute grande la porte à votre adversaire.

Il n’est pas rare de voir des équipes ou des athlètes qui se mettent soudainement à jouer pour éviter de perdre (ou pour protéger leur avance) au lieu de jouer pour gagner. Or, ce n’est pas de cette manière qu’ils ont bâti leur avance. En jouant sur les talons au lieu «d’aller chercher leur match», les choses se compliquent.

Ce n’est pas parce que vous êtes en avance sur votre adversaire que vous devez soudainement délaisser votre style de jeu. Vous avez clairement fait quelque chose de bien pour vous forger une telle avance. Au lieu de paniquer face à votre adversaire qui recommence à être compétitif, posez-vous plutôt la question suivante : «Qu’est-ce qui m’a amené du succès jusqu’à ce point-ci dans ma partie?». Peu importe quelle est votre réponse, CONTINUEZ À LE FAIRE. C’est ça qui a fonctionné pour vous, alors faites-le jusqu’à la fin.

Anecdote intéressante : L’édition du Lightning de Tampa Bay de 2004, celle qui a remporté la coupe Stanley lors cette saison, avait mis en place une petite tactique afin d’éviter de tomber dans ce piège. L’entraîneur de l’époque, John Tortorella, avait décidé que le slogan de l’équipe pour les séries éliminatoires serait : «Safe is Death». En français; la prudence c’est la mort. Ça voulait simplement dire que peu importe la situation ou le moment du match, il fallait continuer à foncer, mettre de la pression sur l’adversaire, aller à l’attaque et chercher à marquer le prochain but. Et même si à quelques occasions ça pouvait coûter un revirement ou un but, il fallait garder cette mentalité. Tortorella était convaincu que ses joueurs étaient meilleurs que l’adversaire, donc que 9 fois sur 10 ça allait fonctionner pour eux. Résultat : ils sont devenus champions parce que tous les joueurs avaient adopté cet état d’esprit.

Un petit bémol : si votre adversaire a RÉELLEMENT changé quelque chose dans sa façon de jouer et que CLAIREMENT son ajustement fonctionne, il est possible que vous deviez alors apporter des correctifs dans votre jeu.

Conclusion

J’espère que ces idées vous aideront dans vos prochaines performances. Nous avons vu qu’il est important de demeurer attentif à son niveau de concentration et qu’il est OK de prendre des «pauses» mentales durant la performance. Aussi, un autre truc efficace est de tricher son cerveau avec des affirmations bien ciblées. Finalement, il faut faire attention pour ne pas changer la façon dont vous jouez malgré une avance confortable. Mettez ces stratégies psychologiques en pratique et n’hésitez pas à partager vos bons résultats avec moi.


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Catégories : Concentration, Confiance, Persévérance, Préparation mentale

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