(DE 005) – Lysanne Richard et la force mentale d'une plongeuse de haut vol

2 mars 2018

Lysanne Richard - 22 mètres - Italie

Lysanne en action à la tour de 22 mètres, à Polignano A Mare en Italie, en Septembre 2015

Photo crédit : Romina Amato/Red Bull Content Pool

Direction Excellence, épisode #005 – Lysanne Richard et la force mentale d'une plongeuse de haut vol

Pour plonger d'une plateforme d’une hauteur de 20m (voir extrait vidéo plus bas dans cet article), ce qui équivaut à la hauteur d’un édifice de 7 à 8 étages en passant, il faut être solide entre les deux oreilles. Il n’y a aucun doute ici. Dans cet épisode de Direction Excellence, Lysanne Richard, plongeuse de haut vol sur le circuit Red Bull Cliff Diving, partage ses secrets, entre autres, l'aspect mental qui se cache derrière ses succès. J’ai invité Lysanne (www.lysannerichard.com) dans ce cinquième épisode afin d’apprendre sur les manières d’aborder une discipline aussi éclatée que celle du plongeon de haut vol. J’ose espérer que vous saurez utiliser ces informations pour dépasser vos propres limites dans votre discipline sportive.   

Dans cet entretien, nous abordons plusieurs sujets reliés à la préparation mentale des athlètes, dont l’importance de la concentration, la gestion de la peur, la confiance, le dépassement de soi, la visualisation, la détermination, l’utilisation de mots-clés, l’impact des objectifs et l’importance du plaisir à pratiquer sa discipline sportive. Même si vous ne pratiquez pas le plongeon, il y a une foule de conseils que vous pouvez appliquer dans votre propre sport ou discipline.

Le sentiment de liberté

Une des questions que l’on se pose toujours lorsqu’on parle à une personne qui pratique un sport aussi marginal, c’est «Pourquoi?». Autrement dit, d’où vient ta motivation et qu’est-ce qui t’a poussé vers ce sport. À cette question, Lysanne répond : «Quand j’ai vu des plongeons haut vol quand j’étais jeune, je remarquais qu’ils étaient tellement longtemps dans les airs, ils avaient l’air de voler. C’était comme cette envie-là que j’avais.» Bien que la majorité de la population, incluant moi, n’ait aucune envie de se lancer d’une plateforme d’une hauteur de 20m, pour Lysanne ça semblait être un appel très clair pour elle. Le sentiment de liberté qu’elle retrouve dans les airs semble être une motivation très forte pour elle. À chacun ses passions! Haha!  

Vous découvrirez à travers l’entrevue que son départ sur le circuit de compétition a été retardé de deux ans et même que ça ne s’est pas passé comme prévu lors de sa première compétition. Faisant preuve de détermination et de résilience, Lysanne est revenue plus forte par la suite afin de récolter d’excellents résultats.

La présence de la peur

Et la peur dans tout ça? Est-ce qu’elle est présente chez Lysanne? Certainement et elle ne s’en cache pas. Elle fait un sport que l’on peut qualifier d’extrême. La relation avec la peur est un sujet fort intéressant. Voici un aperçu des propos de Lysanne à ce sujet : «C’est sûr que la peur fait partie de ce sport-là, et il faut la respecter. En fait, c’est à cause de la peur que je suis en amour avec mon sport, parce que moi mon défi c’est d’être plus forte que cette peur-là.» Comment fait-elle pour gagner son «combat» contre la peur? C’est ce que vous découvrirez dans ce cinquième épisode de Direction Excellence.

Je vous invite à écouter l’épisode en entier sur votre appareil préféré ou si vous préférez la lecture, vous pouvez lire le transcrit de l’épisode à la fin de cet article.

Lysanne la conférencière

Vous aimeriez inviter Lysanne à venir donner une conférence à votre école, à votre club sportif ou dans votre entreprise? Sachez qu’elle offre ce service. N’hésitez pas à entrer en contact avec elle en visitant son site web : www.lysannerichard.com     

Lysanne Richard - Red bull cliff diving

Photo crédit : Romina Amato/Red Bull Content Pool

Lysanne Richard en quelques mots : 

Native de Chicoutimi, Lysanne Richard a été décernée athlète féminine de l’année en plongeon de haut vol par la FINA en 2016. Elle a remporté l’épreuve féminine de la Coupe du monde de la FINA d’Abu Dhabi et a aussi remporté deux victoires, deux deuxièmes et une troisième place dans le réseau RedBull Cliff Diving en 2016. Également artiste de cirque, elle a obtenu son diplôme d'études collégiales à L'École nationale de cirque en 2004 et a travaillé entre autres au Cirque du Soleil et pour Les 7 doigts de la main pendant plus de dix ans. Mère de 3 enfants, elle adore partager sa passion pour le sport, elle est conférencière passionnée puis elle fait bonne figure dans les médias, étant analyste spécialiste pour les émissions RedBull Cliff Diving diffusées à TVA Sport .

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Extrait vidéo : un plongeon pour la victoire en 2016!

Vidéo crédit : Red Bull Content Pool / Red Bull Cliff Diving World Series, 2016 , Stop 7 - Mostar, Bosnia & Herzegovina, www.redbullcontentpool.com 

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Truc de pro : Cliquez ici avec le bouton droit de votre souris et «enregistrer sous» pour télécharger l'épisode en format MP3 directement sur votre ordinateur!


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Transcription de l'épisode #005 de Direction Excellence

J : Donc aujourd’hui j’ai le plaisir d’accueillir une athlète, une plongeuse qui est en train de préparer son retour à la compétition en 2018. Elle est très occupée, elle est conférencière, elle est mère de 3 enfants, elle est dans les médias, analyste à TVA Sport. Bref, elle a beaucoup de travail, de boulot devant elle, et c’est vraiment une opportunité pour moi aujourd’hui de pouvoir l’accueillir sur cet épisode de Direction Excellence, j’apprécie sa présence, et j’espère que vous allez apprécier sa présence. D’abord Lysanne merci d’être ici.

L : Ça fait plaisir!

J : Donc Lysanne Richard qui va venir vous parler de sa discipline, de son sport, de sa passion finalement pour le haut vol. Et encore une fois c’est très généreux de ta part de venir donner quelques minutes au bénéfice de mes auditeurs. Donc, la première chose Lysanne, ce qu’on va faire pour commencer, je vais te demander de me parler de ton parcours. Qu’est-ce qui t’a amené dans cette discipline-là? Les gens ne connaissent pas nécessairement, j’espère qu’il y a des gens qui vont apprendre à le découvrir aujourd’hui. Juste me donner ce qui t’a amené dans cette discipline-là, dans ton sport de plongeon haut vol.

L : C’est sûr que le plongeon haut vol, c’est de parenté avec le plongeon régulier, le plongeon olympique. Et moi j’en avais fait un peu dans mon enfance. Ensuite, j’avais travaillé longtemps en cirque, entre autres, avec le Cirque du Soleil. Alors là c’était plus le côté acrobatique que j’avais développé avec le trampoline entre autres. Puis éventuellement, j’ai eu la chance de faire des spectacles de plongeon, c’est là que j’ai appris à faire du haut vol, parce qu’en faite, dans le plongeon régulier, la plateforme est à 10 mètres, puis pour s’appeler du haut vol, nous autres, c’est 20 mètres et plus. Donc c’est un sport de spectacle à la base qui est devenu un sport de compétition maintenant. Moi j’ai eu la chance d’apprendre à faire du haut vol en spectacle, mais maintenant ce qui m’intéresse c’est vraiment le circuit de compétition.

J : Le circuit de compétition, si je ne me trompe pas, et il va falloir que tu m’éclaires un peu, c’est qu’il y a 2 niveaux si on veut. Il y a le Red Bull Cliff Diving qui existe puis il y a aussi la compétition niveau FINA, la Fédération Internationale de Natation. Explique-moi si ce sont deux choses différentes ou s’ils sont regroupés d’une certaine façon?

L : La charte des règlements, des DD (degrés de difficulté) et des systèmes de pointage et de jugement est le même. Les athlètes sont pas mal les mêmes également. Par contre, c’est un peu plus restreint au niveau du nombre d’invitations dans le circuit Red Bull Cliff Diving que dans le circuit FINA. Donc, il y a des athlètes qu’on retrouve présentement juste dans le circuit FINA qui ne sont pas encore invités dans le réseau Red Bull, mais ça s’en vient. Ça c’est les deux réseaux vraiment les plus ‘top’, mais il y a quand même d’autres réseaux. Il y a le World High Diving Federation qui organise des compétitions, puis il y a quelques compétitions indépendantes sur la planète, auxquelles certains athlètes du circuit participent et d’autres non. Moi pour l’instant, question aussi de temps de déplacement puis tout ça, je me concentre surtout sur les compétitions plus professionnelles. Mais je rêve d’organiser une compétition à Montréal aussi un jour. Si jamais ça ne fait pas partie du circuit professionnel, ça pourrait être un circuit indépendant, puis inviter d’autres athlètes qui ne sont pas présents dans ces deux réseaux-là.

J : Intéressant, intéressant. Parle-moi comment ça fonctionne pour se qualifier pour ce réseau-là avec Red Bull qui est présent, et en même temps, juste reculer un peu en arrière, qu’est-ce qui t’as amené toi à aller chercher de plus en plus de hauteur comme ça? Parce que si on prend le plongeon traditionnel, on connaît le 1 m’être, le 3 mètres et la tour de 10 mètres, mais toi évidemment c’est des hauteurs assez incroyables. On parle de 20 mètres et plus, donc si tu me parlais de qu’est-ce qui t’a amené à aller chercher cette hauteur-là, puis qu’est-ce qui t’as permis de te qualifier pour le Red Bull.

L : J’ai toujours été attirée par ce qui est un peu différent, un peu en marge. Aussi avec mon parcours en cirque, c’est un peu une envie d’être en marge de la société, à cause de mon côté artistique également. Mais le côté extrême du plongeon haut vol, c’est ça qui m’appelait. Quand j’ai vu des plongeons haut vol quand j’étais jeune, je remarquais qu’ils étaient tellement longtemps dans les airs, ils avaient l’air de voler. C’était comme cette envie-là que j’avais. C’est demeuré un rêve pendant un bout de temps parce que je savais que ça existait, mais je faisais d’autres choses. C’était un rêve qui me semblait réel, c’était quelque chose que j’allais faire. Éventuellement, j’ai eu la chance d’apprendre, puis après c’est demeuré en suspens parce que je faisais carrière en cirque, mais je savais aussi qu’un jour j’allais m’investir davantage là-dedans. Là le circuit de compétition est devenu de plus en plus développé avec de plus en plus de bon calibre, donc j’ai eu l’appel de me dédier à ça. Je me sentais que j’avais fait ce que j’avais à faire en cirque pour le moment. J’avais le goût de passer à un autre défi. C’était le haut vol. C’est le goût du dépassement de soi vraiment dans cette discipline-là qui m’attire le plus.

J : Excellent. Puis comment t’as fait pour te faire remarquer ou recruter, je ne sais pas le terme que tu utilises, dans le réseau Red Bull?

L : Étant donné que le sport est encore jeune, il y a quand même peu d’athlètes qui sont de calibre élite mondial surtout chez les femmes. Donc étant une femme qui faisait du haut vol en spectacle, mon nom avait circulé un peu. Puis quand ils ont organisé le réseau de compétition, ils m’ont demandé d’envoyer des vidéos, et les vidéos satisfaisaient leurs attentes, donc j’avais eu la chance d’être invitée. Par contre, j’ai passé à côté de cette opportunité-là la première année parce que j’étais enceinte, donc c’était mieux de ne pas me garrocher de 20 mètres de haut, haha.

J : En effet, ce n’est pas conseillé.

L : Puis l’année d’après, j’avais signé un contrat comme personnage principal dans un spectacle de cirque, donc j’avais encore passé à côté de ma chance. Mais l’année suivante, 2015, là j’ai embarqué sur le circuit, puis ç’a bien été. J’ai quand même su me faire une place assez rapidement parce que je m’étais bien préparée avec des bons coachs.

J : Super. Si je comprends bien et que je sais faire mes mathématiques, le circuit Red Bull a commencé en 2013? C’est ça que tu me dis?

L : Oui. 2009 chez les hommes, mais 2013 chez les femmes. Le sport s’est développé beaucoup du côté masculin avant que les femmes soient invitées à participer aux compétitions.

J : Ok, excellent. Veux-tu nous donner une idée de ton parcours. En 2015 tu commences, comment ça s’est passé? Je ne veux pas passer toute l’entrevue là-dessus, mais c’est quand même intéressant de voir comment ça s’est déroulé pour une première année. Je sais que ta deuxième année a été couronnée de succès. Peut-être après parler de 2017 comment ça s’est déroulé et là on s’en va vers 2018. Donc juste ta première année, deuxième année, comment ça s’est déroulé?

L : Parfait. Ma première compétition en 2015, dans ma tête j’étais vraiment prête parce que je m’étais bien préparée, mais quand je suis arrivée là-bas, la nervosité a pris le dessus, puis je n’ai vraiment pas fait une belle épreuve. Je suis arrivée dernière, puis j’étais pas mal déçue, parce que j’avais tellement mis d’effort. Je me suis préparée à nouveau, j’ai fait plus de visualisation en ayant connaissance du contexte aussi. Parce que ce n’est pas la même chose de performer chez soi avec les éducatifs que de performer en compétition avec la vraie hauteur, les vrais mouvements, le vrai système de jugement, la vraie foule. Mais une fois que j’avais compris comment ça marchait, j’ai fait le parallèle avec que c’est comme un show dans le fond. Puis moi j’ai de l’expérience de show avec mes années de cirque, donc une fois que je me suis mise à voir ça comme un show, j’ai trouvé le plaisir dans la performance, puis là je suis dans mon élément pour bien performer. La deuxième compétition a super bien été. Je suis arrivée deuxième, puis c’était une première fois qu’une plongeuse invitée sur le circuit Red Bull était sur le podium, donc c’était un évènement marquant. Suite à ça, il y a eu des essais et erreurs cette année-là. On a voulu faire des nouveaux mouvements, des fois ce n’était pas parfait, mais c’était toujours très sécuritaire. 2015 c’était une année d’apprentissage. On voyait d’après ma bonne performance que j’étais capable de viser haut, que ça valait la peine de viser haut. Puis 2016 c’était une année où j’étais vraiment rendue à ma place, j’étais plus confiante, j’étais mieux préparée. Ça très très bien été. Entre autres, j’ai remporté la coupe du monde de la FINA, donc ça c’était un honneur qui est mémorable pour moi parce que ça fait que j’étais athlète féminine de l’année en plongeon haut vol par la FINA. C’était la première fois qu’il y avait une Canadienne, même qu’il n’y a jamais eu de Canadien, qui a eu ce titre-là en tant que discipline individuelle dans l’histoire des cérémonies de la FINA.

J : Félicitations! Ça se prend toujours bien ça.

L : J’étais vraiment contente. Pour le développement du sport aussi, ç’a donné une belle visibilité, un peu de notoriété par mes accomplissements. C’est sur que ça fait une belle petite tape dans le dos. Alors j’étais super prête pour l’année 2017 parce que je continuais de m’améliorer. Là début de saison 2017, j’ai une blessure qui n’est pas due à un accident dans mon sport soit dit en passant. C’était plus une blessure d’usure. Quand même une blessure assez grave qui a fait que j’ai dû être arrêtée super longtemps. Là je suis en retour progressif au plongeon. Je ne suis pas encore en retour au haut vol, mais je veux être prête pour la saison de compétition. Mais j’ai passé à côté de la saison complète 2017, donc je souhaite revenir en force en 2018. Ça m’a permis de remettre aussi mes priorités. Ça m’a rappelé quand j’ai mis le plaisir en avant-plan. C’est là où tout s’est mis à bien aller. Au-delà de la performance, dans le fond moi je sais que je performe bien pour le plaisir, donc on va mettre l’emphase sur le plaisir. Les résultats viendront avec, je le souhaite. J’ai bien hâte de retourner sur le circuit.

J : Je suis tellement d’accord avec toi. Quand on est passionné par ce qu’on fait, sans dire qu’on a toujours un sourire dans le visage, on se présente à l’entraînement ou à la compétition avec ce sentiment-là d’être à la bonne place. C’est sur qu’il y a beaucoup plus de chances d’apporter des résultats intéressants. J’essaie de le rappeler aux athlètes de se concentrer à apprécier, à prendre plaisir à ce que tu fais. Et de laisser la pression des résultats et performance de côté, parce que la plupart du temps, tu l’as un peu mentionné, quand tu prends plaisir, quand tu travailles fort, quand t’es bien concentré, les résultats vont se régler par eux autres même. Et puis, il va se passer de belles choses pour toi. C’est un peu ce que j’entends de ton côté.

L : Oui complètement. De décider d’aller compétition avec l’objectif d’avoir du plaisir, c’est un objectif sur lequel on a 100% de contrôle. On est capable d’avoir un taux de réussite avec cet objectif-là. Des fois, la position ne dépend même pas de la qualité de l’exécution de ce qu’on a à faire. Ça dépend aussi des autres, donc c’est un objectif qui est bon d’avoir au moins un objectif duquel on est seul responsable. On a le contrôle. J’aime bien mettre le plaisir dans un de ces objectifs-là.

J : Tout à fait, je ne peux pas être plus d’accords que ça. Donc 2015, première année, apprentissage. Évidemment, tout ce qui est nouveau, nouvelle expérience, il faut se donner un peu de temps pour apprendre. Tu as quand même confirmé que tu peux être sur ce circuit-là en 2016, ç’a été une belle éclosion si on peut dire, de beaux résultats aussi par défaut. 2017 malheureusement ç’a été un peu le contretemps au niveau des blessures. Donc on repart pour une nouvelle saison en 2018 qui débute en juin si je me fie au calendrier publié. Compétitions en juin, juillet, août, donc ça va aller rondement à partir de juin. En fait, je voulais savoir aussi en même temps, tant qu’à parler de ton retour, comment ça s’est passé le processus pour revenir graduellement? Parce qu’il y a des étapes en termes de «je dois me soigner», «je dois m’assurer d’être bien», mais aussi j’imagine le côté mental dans tout ça. «Je dois reprendre confiance». Je vais ouvrir une dernière petite porte, si tu veux en parler en même temps, je sais que quand tu t’entraînes à Montréal, il n’y a pas de plateforme de 20 mètres et plus, donc il y a fallu que tu trouves une façon d’être créative pour t’entraîner dans ces hauteurs-là. Si tu veux nous en glisser un mot, ça serait intéressant de le partager avec les gens.

L : Certainement. Premièrement, ç’a vraiment pas été facile avec l’annonce de la blessure. Au début, je ne me faisais pas à l’idée que j’allais passer à côté de ma saison. J’avais une déception après l’autre quand je voyais que mon corps n’était pas prêt pour la prochaine compétition. Je suis une battante de nature, mais là finalement ce n’est pas moi qui avais le contrôle. C’est le disque qui décidait quand il allait se désenfler et arrêter de compresser le nerf. C’est une hernie discale la blessure que j’ai. Je faisais tout de mon possible pour guérir rapidement, mais ce n’est quand même pas moi qui prenais la décision. C’est ça qui a été le plus difficile, de juste laisser aller et accepter que ça prendra le temps que ça prendra. C’est un bel apprentissage là-dedans. Moi j’ai 36 ans, j’ai encore à apprendre beaucoup et j’ai appris beaucoup justement cet été avec ça.

J : Est-ce que c’était, oui un peu de déception certainement, mais un peu de colère, un peu de frustration de pas pouvoir.. Je sais que les athlètes aiment être en compétition, aiment performer, aiment être sur le terrain, sur le tremplin, peu importe. Quand on leur enlève ça, c’est difficile. Toi ç’a été quoi au niveau émotionnel?

L : C’est ça, parce que comme c’est un sport un peu en développement, la progression de tout le monde est rapide. En plus de passer à côté d’une saison, il y a la crainte que les autres progressent super vite pendant que moi je suis arrêtée. Il n’y a pas juste ça, il y a aussi la crainte que ça stagne au niveau de la visibilité, que j’arrive à donner à mon sport. C’est un mandat que je me suis donné de faire connaître mon sport. N’étant pas sur le circuit, on en entendait moins parler ici. Il y a une frustration qui était causée par le fait que je ne pouvais pas m’entraîner. Mon corps avait besoin des hormones qui causent la bonne humeur par le sport, et ne l’avait pas. Il y avait de la déception. Il y avait beaucoup d’émotions négatives. Ç’a été difficile, mais quand j’ai accepté que ok finalement, je ne fais pas cette saison-là, tout à coup, je suis devenue plus zen. Mais ça m’a pris beaucoup de temps. Quand je l’ai accepté, je suis devenue plus zen parce que finalement, il n’y a pas tant de rush que ça. Il y a beaucoup de choses dans ma vie qui vont beaucoup mieux maintenant que j’ai pris le temps de travailler là-dessus personnellement. Je sens que je vais revenir en n’en profitant plus. J’ai même l’impression que je vais être meilleure qu’avant. Tant mieux si c’est le cas. Vraiment, je vais surtout être plus heureuse dans tout le processus. Je me suis tellement ennuyée de mon sport, que là juste de retour au 10 mètres, je capote. Avant 10 mètres, quand j’avais l’habitude faire du 20 mètres, j’avais l’impression que ce n’était pas grand chose. Maintenant, j’adore ça, je profite encore plus de tous mes entraînements. C’est super agréable. Finalement, c’est super positif, mais ça m’a pris un peu de temps pour m’en rendre compte.

J : C’est certain. Écoute, je suis certain que tu étais bien entourée dans tout ça, donc des fois d’avoir un peu un regard de l’extérieur, d’avoir des gens qui nous aident à passer à travers ça aussi, le soutien de ta famille, de tes entraîneurs, les spécialistes autour de toi. C’est sur que ça prend une équipe aussi. Dans le fond, ce que j’entends de toi, c’est que ça t’a fait réaliser aussi que je m’ennuie de mon sport. Je veux continuer à plonger. Ça te ramène avec une motivation renouvelée pour la prochaine saison 2018, avec tes objectifs que t’as dit tantôt, surtout d’en profiter, avoir du plaisir, savourer chaque moment. Dans le fond, on peut toujours sortir du positif de chaque moment difficile, et je pense que tu l’as fait avec ce que tu viens de nous raconter.

L : Complètement. Finalement, je suis pas mal zen avec tout ça. Je suis bien contente. Et j’ai même l’impression que je vais pouvoir continuer plus longtemps mon sport, parce que là je prends soin de mon corps également, je vais être plus attentive à tous les petits signaux. J’ai déjà guéri des choses. Ça faisait longtemps que j’avais mal au cou avant que ça devienne une blessure si grave. Donc là je sens que mon corps va être mieux préparé à continuer de faire ce sport-là. Peut-être que j’ai perdu un an pour en gagner quatre en fin du compte.

J : J’aime ça. J’aime beaucoup cette approche-là effectivement. Des fois, c’est après, avec un peu de recul, qu’on voit que ça m’a amené beaucoup plus loin que si j’avais juste insisté sur les inconforts, les blessures, là tu prends plus soin de toi etc. Excellent, très belle approche. Je t’ai glissé un mot aussi tantôt en disant que t’as pas tout à fait les installations à Montréal pour plonger de 20 mètres, dis-moi un peu ce que vous avez fait dans les dernières années pour t’aider.

L : On trouve différents outils. En partant, il y a les gens du centre sportif du stade olympique qui sont vraiment géniaux. Il y avait déjà une mini-plateforme dans l’anneau de sécurité qui est prêt du toit, au-dessus de la piscine, qui était à 17 mètres de haut. Cette plateforme-là avait déjà été utilisée par les gens pour pratiquer, comme pour Ô du Cirque du Soleil ou pour des spectacles. Mais elle n’était pas utilisée en ce moment. Alors j’avais fait des démarches avec eux. C’est sûr qu’il y avait un peu de paperasse et d’autorisations à obtenir, mais j’avais fini par avoir l’autorisation d’aller m’entraîner là de temps en temps. Ça devait être quand la piscine était fermée pour pouvoir circuler au-dessus du bassin. Mais éventuellement, ça s’est vraiment amélioré. Ils ont agrandi la plateforme, donc elle est vraiment plus adéquate pour pouvoir pratiquer différents types de départ. L’ancienne plateforme était grande comme deux feuilles de papier, elle était toute petite. Ce qui fait que j’étais coincée entre les barreaux de l’anneau de sécurité. Alors je pouvais juste faire des départs avant. Maintenant je peux faire tout type de départs. En plus, il y a une nouvelle ligne de vie qui permet que je puisse m’attacher pour me rendre là-bas. Éventuellement, je n’ai pas pu m’en servir encore à cause de la blessure, mais avoir accès plus souvent. C’est vraiment génial, je me considère très chanceuse de ça, mais c’est quand même moins de «air time» que quand je suis à 20 mètres ou 23 mètres en compétition. Quand je suis à 17 mètres, je ne peux pas faire mes mouvements les plus difficiles, pour faire triple-avant avec une vrille et demie, j’ai besoin d’une marche d’élan. La nouvelle plateforme est quand même pas assez longue pour une marche. Puis j’ai besoin d’au moins 20 mètres dans les airs. Donc ce n’est pas pour les mouvements difficiles ou les futurs nouveaux mouvements également. Mais quand même pour entretenir la base, ça va être une belle étape pour vérifier si mon corps est prêt à retourner en compétition à 20 mètres ou 22 mètres, d’essayer à 17 mètres avant. On fait des math, vraiment comme des casse-têtes, des fois on prend deux ou trois plongeons différents qui se combinent ensemble pour donner le plongeon à 20 mètres. On travaille le départ, des fois on travaille simplement la rotation, d’autres fois on travaille la fin du mouvement. En combinant tout ça, faut faire des math comme diviser en section. C’est quand même de la physique l’acrobatie finalement, donc c’est super d’être capable de diviser en section pour toujours bien se situer dans les airs. Finalement, c’est un bon outil d’avoir à composer avec de nouveaux outils parce que ça fait qu’on est encore plus prêt quand on arrive à 20 mètres.

J : Exact. Puis je comprends très bien le principe de décortiquer tes mouvements et de les faire en sections. Je veux porter un peu plus d’attention là-dessus. Mais tes vrais mouvements à 20 mètres ou 23 mètres. Je comprends on bâtit la confiance, on divise nos mouvements dans le plongeon, on fait des «top», des demi-sauts qui nous amène des progressions vers des plus gros sauts qu’on a à faire. C’est un peu ça que j’entends de ton côté, mais comment tu arrives à arriver en confiance quand tu te présentes sur le 20 mètres ou le 23 mètres? Et tu n’as pas le choix de le faire dans un contexte de compétition. J’imagine qu’ils vous donnent du temps pour faire de l’entraînement ou du temps personnel pour tester la hauteur et tout ça, mais comment tu fais pour arriver en pleine confiance quand vraiment tu ne l’as pas fait depuis un certain temps?

L : C’est vrai que la confiance c’est quand même la clé. Ça se travaille avec beaucoup de visualisation dans mon cas. C’est vraiment de le garder vivant le mouvement dans ma tête. Comme ça quand j’y retourne, ce n’est pas une surprise. Même quand j’apprends de nouveaux mouvements, à un moment donné, on reconnaît la fin qui est pas mal la même souvent. Quand on fait un mouvement plus difficile, on va finir avec le barani et on va avoir moins de temps pour le faire, donc ayant déjà fait un autre mouvement difficile, on comprend que le timing va être à peu près celui-là. Même dans notre visualisation pour un nouveau mouvement, on incorpore des connaissances acquises par le passé. Finalement, quand on le fait pour de vrai, on n’est pas surpris. Jusqu’à maintenant, on travaille bien avec mon coach et tout le monde qui me donne des conseils, qui font que quand j’arrive je suis bien préparée. Je pense que le plus difficile, c’est passer à une grande prochaine étape. Comme faire les premiers triples, au début ça c’était plus difficile à simuler. Mais une fois que t’as déjà fait un triple, que tu le partes par en arrière en ajoutant une demi vrille ou que tu le partes par en avant, après c’est le même repère à part le départ. Le départ on peut très bien le travailler à 10 mètres. Le secret c’est d’avoir confiance, de savoir qu’on est capable, parce qu’on est bien outillé. C’est sur qu’une fois rendue sur la plateforme, il ne faut pas qu’il y aille de doutes. Il faut qu’il y aille juste la confiance, parce que s’il y a du doute, il ne faut pas y aller.

J : Justement, ça m’amène à une prochaine question, à une prochaine réflexion. Les gens qui regardent ça, qui ne sont pas familiers avec cette discipline-là ou le plongeon en général, juste moi regarder le plateau du 10 mètres, ça m’impressionne. J’ai des athlètes qui compétitionnent à ces hauteurs-là et je comprends de mieux en mieux la réalité, mais c’est quand même impressionnant. Quand toi tu arrives au 20 mètres ou 23 mètres, dans ces hauteurs-là, est-ce que ça t’arrive encore d’avoir peur? Qu’est-ce que tu fais avec ça quand ça se produit? Les gens te le disent probablement souvent; «c’est fou ce que tu fais, c’est impressionnant, je ne comprends pas comment tu réussis à faire ça». Toi tu es là-dedans, tu es spécialisée, tu es une experte, tu as de l’expérience, mais est-ce que ça t’arrive encore d’avoir cette crainte-là, et surtout qu’est-ce que tu fais avec ça?

L : C’est sûr que la peur fait partie de ce sport-là, et il faut la respecter. En fait, c’est à cause de la peur que je suis en amour avec mon sport, parce que moi mon défi c’est d’être plus forte que cette peur-là. Même quand je regarde des vidéos de ce que j’ai fait, je suis impressionnée et je trouve ça haut. Quand j’arrive à une compétition, je me laisse toujours un temps où je monte sur la plateforme puis que je ne suis pas dans l’état que je vais sauter. Je vais juste pour le fun en haut, puis je trouve ça haut moi aussi. Mais quand je suis réchauffée, avec mon maillot de bain, vraiment rendue prête à y aller, elle n’est plus là la peur. J’ai laissé la place d’être là auparavant quand je suis montée pour le fun. Dans mes préparatifs, je le sais qu’il va y avoir de la peur. Même dans mes entraînements au 10 mètres, je me mets dans des circonstances où je me fais peur, et je m’assure que malgré la peur je peux être à mon affaire et bien faire ce que j’ai à faire. Donc, j’arrive à avoir confiance en moi, que oui je suis capable de négocier avec cette peur-là, mais je pense que c’est important de la respecter. C’est vrai qu’il y a un danger dans tous les sports acrobatiques. C’est quand on respecte ce danger-là, dans tous les sports tout court, qu’on arrive bien préparé. Moi je suis tellement bien préparée, que rendue quand c’est le temps d’y aller, la peur elle fait ok, j’ai fait ma job auparavant, mais là ce n’est plus mon tour.

J : J’aime beaucoup cette approche-là honnêtement Lysanne. C’est super de dire écoute j’y donne un peu de place, je vais observer les lieux, je vais me placer sur la plateforme, je vais le voir pas nécessairement en tant qu’athlète. Après l’image que j’ai en tête, c’est que tu mets ta cape de superhéros, tu mets ton «suit», tu rentres dans ton uniforme d’athlète, dans ton monde d’athlète, et là tu sais que le travail est fait derrière, la préparation elle est faite. Tu le sais ce qui s’en vient, et surtout de ce que je comprends, tu te concentres sur le processus, qu’est-ce que j’ai à faire pour exécuter un plongeon de façon sécuritaire. Tu connais la technique, les sensations que tu dois ressentir quand tu fais ton plongeon. Tu le sais, tu es préparée, ton corps a une mémoire musculaire et sait ce qui s’en vient. Tu n’as pas besoin de trop le réfléchir à ce moment-là, j’imagine. C’est juste de dire écoute, on y va. Est-ce que tu dois mettre le cerveau complètement à «off»? Ce n’est sûrement pas de suranalyser la chose?

L : Ça c’est sur, mais vraiment comme en plongeon normal, je pense qu’une technique qui fonctionne bien qui est proposé par mon entraîneur Stéphane Lapointe c’est les mots-clés. En général, moi j’ai trois mots-clés. Autant quand je m’entraîne avec mes éducatifs que quand je suis en compétition au 20 mètres. Il y a un mot-clé qui concerne le départ, il y a un mot-clé qui concerne la partie dans les airs, le vol, et il y a un mot-clé qui concerne l’entrée à l’eau. Puis si on réalise qu’il y a un mouvement qui est rendu vraiment «spic-and-span», que c’est naturel et que je n’ai plus besoin de tel mot-clé, des fois il y a certains mouvements qui ont juste deux mots-clés. C’est correct aussi. En ayant juste un mot-clé à la fois, je n’ai pas à penser à grand-chose. Je fais juste me dire ce mot-là, puis c’est comme une autre partie de mon cerveau qui prend le contrôle. Il sait ce qui va être impliqué. Des fois, je fais juste dire «tête», ça l’air de rien dire tête, mais mon corps sait comment réagir à ce mot tête, ça le sécurise et ça fait qu’il fait ce qu’il faut. Il ne faut pas que ce soit trop compliqué.

J : Est-ce que tu as des mots-clés spécifiquement pour chacun de tes plongeons ou chacune des manoeuvres que tu as à faire?

L : Oui, sauf que des fois, il y a des choses qui reviennent. Il y a des plongeons qui sont dans la même famille. En général, au niveau des départs avant je vais avoir un mot-clé similaire. Il y a des choses qui reviennent aussi au niveau de l’entrée à l’eau, parce qu’on finit nos mouvements souvent de la même façon en haut vol. Le barani c’est la section de la fin. En général, le mot-clé de la fin est pas mal le même, ou le même dans les basses où il y a moins de rotation, et le même dans les optionnels où il y a un peu plus de rotation. Il y a des mots-clés qui reviennent, ça c’est sur. On joue avec les mots-clés. En entraînement, on en teste quelques-uns parce que le mot-clé qui est bon pour moi, ce n’est pas le même que pour un autre athlète. C’est ce qui fait aussi qu’un entraîneur peut être un bon entraîneur pour tel ou tel athlète, c’est quand il comprend vraiment c’est quoi le mot-clé qui va faire que l’athlète va appliquer l’action. Des fois, Stéphane peut vouloir que je fasse une action en particulier avec mes abdominaux par exemple, mais il me dit de penser à mes bras pis finalement ça marche. Moi je fais juste penser à mes bras, ça ne dérange pas que j’aie raison ou pas, l’important c’est que ça marche.

J : Exact. L’important ce n’est pas d’avoir une recette qui est pour tout le monde. C’est vraiment personnalisé. À la fin de la journée, on veut que ça fonctionne. On dit bras quand ça fait penser aux abdos, mais ça fonctionne et c’est correct. On y va avec ça, puis si tu es à l’aise et que ça te donne confiance pour la suite, c’est tout ce qu’on a de besoin.

L : C’est ça puis on ajuste en fonction de la progression. C’est bon signe quand on est rendu à dire ah ben c’est plus ça notre mot-clé, ça veut dire que c’est assimilé. On peut passer à la prochaine étape. Le mot-clé c’est toujours la priorité de la section du mouvement qui est à penser, mais quand c’est vraiment assimilé, on passe à un autre.

J : Parfait. Puis on a parlé de visualisation. Je suis curieux, j’ai le goût d’aller un peu plus loin là-dessus pour savoir comment tu l’utilises cet outil-là. La visualisation c’est un outil qui est très puissant, qui est utilisé par une grande majorité d’athlètes qui prennent leur sport et leur discipline au sérieux. Par contre, je me tue un peu à dire à mes athlètes que la visualisation, ce n’est pas juste le jour du match, pas juste 5 minutes avant la compétition, c’est quelque chose que tu dois travailler, développer, maîtriser et en faire une pratique régulière. Je prends une chance ici à te demander toi, est-ce que c’est quelque chose que tu utilises régulièrement? Est-ce seulement aux entraînements? Est-ce que tu en fais des fois à la maison, chez toi, dans d’autres circonstances? J’aimerais savoir ton opinion là-dessus, la façon dont tu l’utilises.

L : L’avantage de la visualisation dans mon cas, ce que j’ai réalisé, c’est que plus j’en fais, plus c’est facile. Ce n’est pas contraignant, je peux en faire n’importe quand. Je peux faire mon mouvement maintenant, pendant que je suis en train de te parler, parce que j’ai tellement de pratique que «ah» c’est déjà fait. C’est sur que pendant les entraînements, lors des échauffements, on s’attarde à faire davantage de visualisation, et des fois, dans les échauffements d’ailleurs, c’est en mouvement. Donc, là on marque les actions physiquement. Ça prend un certain nombre de répétitions aussi. Moi ça arrive souvent que je sois en train de faire mon cardio, et je me dis je vais repasser ma liste, mais ça se fait assez facilement, naturellement. Une chance, parce que c’est un outil qui est très important pour le haut vol selon moi. C’est un outil qui aide ma confiance. Mais ce n’est pas un outil qui représente une grande charge de travail pour moi parce que j’ai beaucoup de pratique. J’ai eu la chance d’apprendre jeune à faire de la visualisation, dans les années de plongeon quand j’étais très jeune de secondaire un à trois. Je plongeais à Québec avec Dany Boulanger et il parlait de l’importance de la visualisation, donc j’avais appris à ce moment-là. Ça ne m’a jamais quitté. Dans mes années de cirque aussi c’était pratique. Avant d’apprendre de nouveaux trucs, naturellement, je le faisais sans trop y penser. Depuis que je suis de retour au plongeon, c’est sur que ça a pris une grande importance. Il y a des moments où ça nous tente un peu moins. Comme quand j’étais blessée, je trouvais ça important de continuer à en faire, mais des fois volontairement, je me donnais trois ou quatre jours de congé, parce que c’est un outil important, mais il faut aussi qu’on garde notre esprit en bonne santé et qu’on ne se mette pas trop de pression. Il y a des moments où c’est bon de vraiment décrocher. Mais je le fais aussi souvent direct avant mon mouvement. Quand je suis en train de monter l’escalier, je fais une visualisation à ce moment-là aussi.

J : Parfait, merci pour ce partage-là. C’est vraiment intéressant. Ce que je retiens, et que je croyais d’ailleurs aussi, c’est que plus on en fait, plus on le pratique, plus ça devient facile, ça maximise ce qu’on fait physiquement sur la plateforme ou le tremplin. Ça confirme certaines choses. Si on reste sur la thématique de la préparation mentale, on a parlé déjà beaucoup de plusieurs sujets, on a parlé de gestion de la peur, de la confiance, de la visualisation, du plaisir à faire notre sport, de la concentration nécessaire. Je lance une perche à l’eau, mais est-ce que tu vois autre chose toi sur le plan mental, d’autres aspects importants dans ta discipline à toi? On ne va pas extrapoler dans d’autres disciplines, mais vraiment de ce que tu connais de ton sport, est-ce que tu vois d’autres thématiques ou d’autres techniques que tu utilises sur l’aspect mental dans ton sport?

L : Un mot qui me parle beaucoup aussi, c’est la détermination. Dans le fond, parce que je pense que la détermination nous mène à vivre notre sport autrement. On est censé sortir de notre zone de confort de temps en temps, ce qui contribue à améliorer notre confiance en nous. Puis tous les prochains apprentissages vont être plus faciles. C’est sur que, comme autre pratique, moi dernièrement j’ai commencé à méditer. Ça l’air mémère un peu, hahaha. Sérieusement, ça me fait vraiment du bien. La vie va vite, et on a tendance à être beaucoup occupé. Tout le monde. On se donne tellement des missions et tant mieux, c’est le fun si on est efficace puis on est fier de ce qu’on accomplit, mais c’est important aussi d’avoir des temps de repos. La méditation me fait du bien, je me sens plus dans l’instant présent, et dans mon sport, c’est super important. C’est une des choses que j’aime dans mon sport. Même si je suis super occupée, dans ma journée, il y a des choses que j’aime faire, et que je développe en parallèle de ma carrière sportive, donc l’horaire est bien rempli. Quand je suis dans mes entraînements, je ne pense pas à ce que j’ai à faire après ou ce que j’ai fait avant. Je suis vraiment juste toute là. Justement, la méditation, j’ai la chance de travailler avec Valérie Truong qui me rencontre pour le l’acuponcture sportive. Elle travaille entre autres mon focus. Je sens qu’avec la méditation on a vraiment amélioré ça. Je suis plus «groundée» qu’avant. Déjà dans les entraînements au 10 mètres, je vois déjà une différence, donc j’ai hâte de voir ce que ça va donner plus haut également.

J : Super. Écoute, je me suis éduqué beaucoup sur la méditation et j’en ai fait une pratique régulière aussi de mon côté, et j’en vois clairement les bénéfices. Pour les sportifs, je suis convaincu que ça peut être quelque chose de très efficace. Spécialement, dans ton sport, dans ta discipline, je pense que ça vaut vraiment la peine. Écoute, je donne toujours le même exemple, je dis ton coeur qui bat sans cesse, sans arrêt, peut-être qu’il aimerait ça une petite pause de temps en temps. On ne peut pas se permettre d’arrêter notre coeur pendant quelques minutes. Mais notre tête, notre cerveau, nos pensées, ça on est capable de mettre une petite pause là-dessus. Je ne vais pas prétendre qu’on peut arrêter notre cerveau, nos pensées de continuer à aller de l’avant, on va toujours être en train de penser, mais une petite pratique de méditation une fois par jour, ça donne une petite pause, un petit moment pour te recentrer sur toi. Juste essayer de calmer les choses et voir ça d’un angle un peu différent. Personnellement, du côté de mon travail, mon entreprise, ça m’a aidé, mais aussi dans ce que je fais comme travail auprès des athlètes. Bref, je ne trouve pas ça mémère au contraire, je pense que c’est quelque chose sur quoi on devrait s’éduquer davantage. Éventuellement, je pense que ça va devenir quelque chose d’aussi naturel que se brosser les dents le matin. Il n’y a personne qui conteste que c’est important de se brosser les dents deux à trois fois par jour. Je suis convaincu que la pratique méditative va devenir quelque chose de plus répandu aussi. C’est le fun de voir que tu es déjà consciente de ça et que tu le mets en application.

L : C’est de l’hygiène de vie dans le fond. Je suis bien contente d’avoir commencé ça. Même que ça nous aide partout. Moi ça m’aide dans mon rôle de maman aussi, d’être un peu plus dans le moment présent. Tout ce qu’on fait va mieux finalement, si on est dans cet état-là.

J : Exact. Parfait. Écoute Lysanne, on a eu, je pense, une excellente discussion. On pourrait parler pendant plusieurs minutes encore, mais on va terminer tranquillement et on va s’en aller vers tes projets que tu fais aussi à l’extérieur de ton sport. C’est quelque chose que je voulais qu’on aborde aussi ensemble. Tu parlais que tu avais des contrats avec TVA sport que tu vas faire un peu d’analyse des compétitions, mais il y a aussi un volet qui m’intéressait beaucoup, c’est que tu offres des conférences. Si tu pouvais nous parler de comment ça fonctionne ce département-là. Je suis convaincu que tu as un beau message et des choses intéressantes à partager, donc si tu nous en donnais un petit avant-goût.

L : Ben oui, certainement. Moi premièrement, j’aime le monde. D’être de retour dans une vie, dans un sport qui est plus individuel, et étant même la seule au Canada dans un réseau de compétition dans ce sport-là, il manquait quelque chose dans ma vie. Au niveau de l’échange, surtout que j’ai fait du cirque pendant plusieurs années. Les artistes de cirque, les artistes tout courts, se sont vraiment donnés. C’est une profession de générosité et d’échange, comme la tienne d’ailleurs en faite. Il y a à peu près deux ans, j’ai commencé à donner des conférences puis j’ai réalisé que j’adore ça. En plus, à travers ça, j’arrive à faire du bien au monde. Étant donné l’expérience de vie que j’ai accumulée est un parcours un peu différent que la plupart des gens, ils sont intéressés à ce que je partage mes expériences. Finalement, je suis bien outillée pour parler de dépassement de soi avec la discipline que j’ai. J’ai aussi la chance de partager des beaux visuels aussi avec l’auditoire, à cause qu’il y a de belles photos et des beaux vidéos de mon circuit de compétition donc, même quelqu’un qui n’aime pas mon sport va aimer ça regarder les vidéos parce que c’est impressionnant. C’est sur que dans la conférence, je parle de dépassement de soi. Je parle de choses qu’on a abordées ensemble aujourd’hui, de confiance, de plaisir, de détermination, et je m’adapte aussi à la demande. J’aime ça savoir exactement c’est quoi le contexte. L’entreprise me fait venir pour quoi, puis je m’organise pour savoir qu’est-ce qu’ils aimeraient ça retirer de notre rencontre et m’orienter vers là. C’est un échange. Je ne fais pas juste dire, cet outil-là m’a aidé, je vous le partage, faites ce que vous voulez avec. En scolaire aussi c’est super le fun. C’est un public qui est bien le fun, et bien franc, surtout les écoles primaires. Le fait que j’ai fait du spectacle avant, j’essaie vraiment que mon spectacle soir coloré. C’est pas mal vivant, j’aime ça voir ça un peu comme un show. Il y a un rythme à maintenir. Il y a un calcul derrière tout ça. Quand c’est le temps de «puncher», quand on s’en va sur une autre vague au niveau de l’émotion. Ce que j’ai fait auparavant m’aide vraiment à peaufiner mes conférences et avoir du plaisir là-dedans. Jusqu’à maintenant, ça va super bien. C’est le fun parce que les gens communiquent avec moi après. Ils me disent j’ai accomplis telle affaire parce que je pensais à toi. Donc, moi je suis tellement flattée de me faire dire des choses comme ça. C’est des beaux échanges, et on apprend aussi. Il y a des périodes d’échange à la fin. Les gens nous parlent d’eux, c’est quoi leur défi. Même moi je suis inspirée des gens qu’on a rencontrés à travers les conférences.

J : Super, j’aime beaucoup ça. En fait, c’est ça, on donne pour aider les gens, mais en même temps on gagne beaucoup en retour. Je suis convaincu que tu as des questions intéressantes, surtout chez les plus jeunes, ça doit être intéressant le genre de questions que tu reçois. Ça doit ajouter une touche assez colorée à ta conférence. Si j’ai la chance de pouvoir assister éventuellement, c’est certain que j’aimerais voir ton travail en direct. Je suis convaincu que je pourrais apprendre et m’inspirer de tout ça. Donc si les gens veulent en apprendre plus sur toi, ou s’ils veulent te contacter directement, ça serait quoi la meilleure façon, les endroits où ils peuvent te retrouver, évidemment sur le web ou d’autres façons?

L : Il y a ma page Facebook athlète, on peut communiquer directement avec moi par là. Sinon je suis sur Instagram aussi. Puis il y a mon site internet, il y a une section nous joindre qui amène vers une boîte de courriel.

J : Ton site web, j’imagine que c’est ton nom, c’est ça?

L : Oui c’est www.lysannerichard.com. Pour ma page athlète, c’est lysannerichard et j’ai un maillot de bain rouge sur la photo. On peut la trouver facilement. Sur Instagram, je n’ai pas vu d’autres Lysanne Richard jusqu’à présent!

J : Il n’y a pas de copie qui s’est improvisée! Je pense que les gens vont pouvoir te trouver sans problème. Je suis déjà ce que tu fais sur les médias sociaux, je vois que tu es très active. Tu échanges, et tu réponds aux gens. C’est bien apprécié, et je pense que tu es en train de te bâtir une belle communauté autour de toi que les gens aiment ça suivre. Et là spécialement avec la nouvelle année de compétition qui va arriver sous peu, ça va être intéressant de pouvoir suivre ta progression dans ta prochaine saison. Lysanne, en mon nom, je vais te souhaiter le plus de succès possible, le plus de plaisir dans ta prochaine année et saison de compétition. Et s’il y a quoi que ce soit, tu reviens nous voir, on va prendre encore quelques minutes pour discuter ou faire un bilan de fin d’année après ta saison de compétition. Vraiment je veux juste te remercier pour le temps aujourd’hui. Je sais que tu es occupée, et que tu prends le temps de le faire, c’est grandement apprécié.

L : Ça fait vraiment plaisir. Moi aussi j’apprécie beaucoup ton travail, puis moi aussi je te suis. Je suis honorée d’avoir eu cette demande-là. Vraiment, merci beaucoup.

J : Excellent, merci Lysanne et bonne saison!

L : Merci!

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Catégories : Persévérance, Préparation mentale, Stress, Zone de confort, Podcast «Direction Excellence»

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